Travaux magiques et argent gratuit…

Travaux magiques et argent gratuit…

Les publicités vous incitant à isoler vos combles ou vos murs, à changer vos fenêtres, votre chaudière ou votre VMC pullulent. Celles-ci vous disent : « vous avez droit à des aides, profitez-en, isolez comme ceci, achetez cela ». Tentant, n’est-ce pas ?

Mais ces aides, qui les paye ? L’État. Donc, le contribuable, vous et moi. Nous sommes donc en droit d’attendre que tout cet argent ne soit pas jeté par les fenêtres, non ? Eh bien, pourtant, à la lecture du rapport d’enquête TREMI de l’ADEME (2017), on comprend que l’argent est gaspillé massivement.

« plus de 5 millions de maisons individuelles – autrement dit 1/3 du parc total – ont fait l’objet de travaux de rénovation entre 2014 et 2016 et ont généré près de 60 milliards d’Euros de chiffres d’affaires. Sur ce vivier considérable de logements, seulement 25% des rénovations ont permis de sauter au moins une classe de DPE. »

rapport d’enquête TREMI (2017)

Autrement dit, 75 % des travaux subventionnés par l’argent public n’ont pas permis de réduire significativement la facture énergétique des foyers bénéficiaires.

Pourquoi cette gabegie ? Essentiellement par manque d’accompagnement des ménages, nous apprend l’ADEME. Mal conseillés, ceux-ci ne pensent pas forcément à embarquer la performance énergétique dans leur travaux de rénovation. On fait aussi du « coup par coup » sans penser au coup d’après.

Il serait donc temps d’avoir une vision globale de la rénovation énergétique d’un logement. Je propose ici un petit inventaire des points les plus importants.

  • Le choix des priorités et l’ordre des travaux doit être réfléchi. Quelques exemples : changer sa chaudière sans avoir isolé au préalable est un non-sens technique et économique. Vous achetez une chaudière plus puissante, donc plus chère à l’achat et plus vorace à l’usage, et qui sera surdimensionnée le jour où vous isolerez ; Remplacer les fenêtres quand les combles ne sont pas isolés ne sert à rien non plus…
  • Le confort d’été est aussi important que le confort d’hiver (les canicules à répétition se chargent de nous le faire comprendre). Les laines minérales et le polystyrène sont très mauvais de ce point de vue. D’autres matériaux et quelques précautions permettent de faire mieux pour ne pas avoir à investir dans une clim énergivore.
  • L’étanchéité à l’air et la ventilation contrôlée forment un couple indispensable et indissociable. Une exigence dont la méconnaissance peut mener à la ruine. Il faut savoir qu’un isolant posé sans se préoccuper de l’étanchéité à l’air voit ses performances largement réduites, jusqu’à être divisées par 5 ! De plus, chaque fuite est source de condensation et donc de dégâts potentiels. Le logement doit être aussi étanche à l’air que possible pour permettre de contrôler le volume d’air renouvelé, et limiter ainsi les pertes thermiques.
  • La spécificité des murs anciens, en pierre ou en briques doit être respectée. Les enduits et dalles au ciment, les isolants étanches comme le polystyrène ou le polyuréthane sont néfastes et entrainent des pathologies parfois dramatiques, pouvant aller jusqu’à l’effondrement. Les laines minérales soumises à l’humidité voient leur capacité isolante s’écrouler…
  • Il faut viser haut en terme de performance énergétique. Le coût des énergies fossiles et de l’électricité ne cessera pas d’augmenter. Si le budget permet d’ajouter 5 cm d’isolant en plus, il ne faut pas hésiter : ils seront vite rentabilisés.

Au-delà de l’aspect énergétique, trois sujets importants mériteraient plus de considération.

  • Une bonne qualité de l’air intérieur est nécessaire à la bonne santé des occupants. Il faut soigner la ventilation pour empêcher la condensation, propice au développement des moisissures, et choisir soigneusement vos matériaux parmi ceux qui génèrent le moins d’émanations toxiques (COV, formaldéhyde…)
  • Les matériaux biosourcés sont vos amis. Bois, terre, laine de bois, ouate de cellulose, paille… Parfaitement adaptés au bâti ancien, et compatibles avec les bâtiments d’aujourd’hui, ces matériaux sont bien plus économes en « énergie grise », stockent du C02, sont non toxiques, renouvelables et complètement recyclables. La plupart permettent de gérer l’humidité des murs anciens et de jouir d’un très bon confort d’été. S’ils restent souvent un peu plus cher que les matériaux industriels du 20e siècle (hormis la paille ou la terre, par exemple), l’écart de prix tend à se réduire.
  • Une bonne isolation phonique peut aller de pair avec l’isolation thermique, à la double condition de ne pas faire les mauvais choix constructifs et d’opter pour les bons matériaux.

Comme on le voit, se concocter un logement sain, confortable, durable et économe nécessite de l’expertise, une réflexion globale et un minimum de programmation. Tout cela a forcément un prix. Il faut simplement en prendre conscience pour cesser de jeter l’argent par les fenêtres deux fois : une première fois en faisant des travaux assez peu efficaces et parfois néfastes au bâti ; puis une seconde fois, quelques années plus tard, pour réparer les insuffisances ou corriger les dégâts…

Plus d’infos : contactez-moi